La société civile, la vraie, le corps social donc, a réagi sur le champ là où l’exécutif s’est montré totalement dépassé, incompétent et défaillant. Au début de la pandémie, le personnel soignant manquait de tout : pas de gants, pas de masques, pas de vêtements de sécurité, pas de gel hydroalcoolique, pas de respirateurs, pas d’oxygène, pas de lits, et manque de personnel… résultat de 40 ans de néolibéralisme. (S’agissant de la société civile, il convient de rappeler que dans sa campagne électorale en 2016-2017, Macron avait prétendu qu’il ferait entrer la société civile dans les lieux de pouvoir. Mais comme toujours avec lui le vocabulaire est perverti. Le sens courant de l’expression société civile désigne « les gens du peuple », ceux qui ne sont pas des notables, des cadres, des petits ou moyens patrons, etc. Au contraire, pour Macron, le sens commun des mots est annihilé au profit d’un contre-sens qui sème la confusion, c’est pourquoi, pour lui, la société civile c’est précisément les notables, les petits et moyens patrons, l’encadrement... c’est à dire ceux - moins de 10 % de la population française - qui aujourd’hui sont au gouvernement et appuient la politique gouvernementale).
Face à cette défaillance et incompétence du pouvoir politique, l’ensemble des personnels des labos de chimie ou de biologie (ou autre) de plusieurs universités, ont immédiatement fabriqué du gel hydroalcoolique et l’ont donné aux personnels hospitaliers avec des gants, des masques,… Des ateliers de couture se sont mis à fabriquer des masques. Cette capacité de la « société civile » à pallier le défaut de l’État a été remarqué sur le moment. Mais peu nombreux sont ceux qui se sont emparer de ce fait et l’ont utilisé pour démontrer le caractère inutile et même parasitaire du gouvernement. De ce fait, quelques mois plus tard cela semble presque oublié. C’est pourquoi, les militants ouvriers et révolutionnaires devraient y revenir et insister sur ce fait, dans les débats qui ne manqueront pas s’ouvrir dans la perspective qui s’ouvre avec le début de la campagne pour les présidentielles de 2022. Les professionnels de santé, les patients, (et nous sommes toutes et tous des patients potentiels) nous n’avons pas besoin d’un gouvernement de la bourgeoisie. Eux ne sont que des parasites. Nous savons faire sans eux, plus vite et mieux qu’eux.
Déjà à bout du fait des conditions de travail fortement dégradées depuis des années, avec (entre autres) des repos non pris, le personnel de santé, a lui aussi assuré autant que possible sa mission malgré l’explosion de la charge de travail. Mais les luttes en cours avant la pandémie (violemment réprimées par l’exécutif, via les forces de désordre), ces luttes n’ont pas été mise en pause. Comme signalé plus haut, on a assisté à des échanges verbaux très vifs entre des responsables médicaux (syndiqués ou non) et le gouvernement.
Le « Ségur» de la santé.
Le nom de Ségur de la santé tient au fait que les rencontres entre syndicats et gouvernement ont eu lieu rue Ségur, c’est une référence aux « Grenelle » réunions qui s’étaient tenues rue de Grenelle.
Face à cette colère sourde et profonde, et comme à son habitude, Macron, tel un magicien, a sorti de son chapeau le « Ségur de la santé ». Dès sa conception par Macron, ce Ségur n’était qu’une imposture. Comme le prétendu « grand débat », suite aux manifestations des gilets jaunes, il s’agissait d’organiser un « débat mironton » pour détourner l’attention et la colère des personnels, diversion qui en dit long sur l’usure du pouvoir. Macron a promis une prime (que seuls les soignant(e)s percevraient – c’est à dire ni les femmes de ménages, ni les administratifs, par exemple), une invitation à défiler sur les Champs Élysées à l’occasion du 14 juillet… et une médaille. Les personnels des services de l’hôpital public ont accueilli ces pitreries de Macron comme une marque énorme de mépris. Leurs revendications et celles de leurs organisations syndicales réclamaient une hausse générale des salaires (pour rattraper les écarts des salaires entre la France et la plupart de nos voisins, et parce que les primes ne comptent pas dans le calcul des retraites), des embauches massives pour remplacer les milliers de postes supprimés et la réouverture des lits et des établissements fermés… Quant à la médaille, les personnels ont été nombreux à répondre à Macron que la médaille il pouvait bien se la mettre… là où il voudrait.
Depuis une vingtaine d’années, l’ONDAM alloue aux hôpitaux publics des budgets systématiquement inférieurs aux besoins réels, afin « d’optimiser les dépenses ». Entre 2002 et 2018, 69000 lits d’hôpitaux ont été supprimés, et cela malgré l’accroissement et le vieillissement de la population française. (Voir : https://www.lci.fr/sante/hopital-69-000-lits-ont-ils-ete-supprimes-ces-15-dernieres-annees-2137618.html).
Le manque de liquidités a poussé les hôpitaux à se financer auprès des banques, faisant passer leur endettement de 9 à 30 milliards d’euros entre 2002 et 2013.
En décembre 2019, on pouvait lire sur une banderole d’hospitaliers : «L’État compte les sous, on va compter les morts ». Jusqu’au printemps (fin mai, début juin) les media ont tenu la comptabilité macabre : au bas mot 40 000 mort. Depuis, la censure d’État fonctionne bien, Merci ! les média ne comptent plus les morts. (Un avant goût de l’« information » post-loi Avia).
Pour animer le « Ségur » Macron a nommé Mme N. Notta, ex secrétaire générale de la CFDT, qui fut honnie en son temps pour avoir poussé très loin la CFDT dans la collaboration de classes et la trahison. D’emblée celle-ci a dû avouer qu’elle n’avait rien à négocier, aucun moyens budgétaires, elle ne pouvait pas s’engager sur les salaires, les recrutements, sur les carrières, les retraites,… Seule l’Union Solidaire a claqué la porte à ces « négociations ». La CGT n’a pas suivi.
Le second tour des municipales fut catastrophique pour LREM. Ça plus le discrédit de la gestion de la crise sanitaire conduit Macron à remanier le gouvernement. Il nomme Jean Castex nouveau Premier ministre et après un mois de pseudo concertation dans la Santé, cet homme de droite annonce qu’il va abonder l’enveloppe du plan Ségur de 1,1 milliard d’euros supplémentaires, soit un total de 7,5 milliards d’euros. Mais il y aura des contreparties.
à suivre