October 3, 2020

Alors que la compagnie Air France – KLM annonce des suppressions de postes par milliers, le gouvernement français garantit un prêt historique à l’entreprise, et ferme les yeux sur les émoluments de son patron, Benjamin Smith. Malgré des annonces de réduction de salaire en signe de « solidarité », ce dernier continue à empocher un bonus exorbitant en pleine crise du coronavirus.

Avec les avions de la quasi-totalité des compagnies aériennes cloués au sol, le secteur de l’aviation est durement touché par la crise du coronavirus. Après l’annonce d’Airbus de supprimer 11 % de ses effectifs en Europe, soit 15 000 emplois dont 5 000 en France, Air FranceKLM, confirme officiellement le 3 juillet vouloir supprimer 6 560 postes en équivalent temps plein (ETP) sur 41 000 – soit 16 % des effectifs. De plus, 1 020 des 2 420 emplois de sa filiale régionale Hop! seraient supprimés, soit la bagatelle de 40 % des effectifs. Une mesure qui concernerait au total plus de 8 000 salariés d’après la CGT.

Nombre d’autres secteurs sont touchés et les « plans sociaux » et autres « plans de restructuration » pleuvent. Le chômage atteint des plafonds jamais vu. La pandémie est pour les capitalistes une occasion inespérée pour tout remettre en cause. Organisations du travail, droit du travail, effectifs, crédits d’impôts, rien n’est trop beau. Pour les catégories populaires au contraire c’est bien une guerre que le capital mène contre elles. Et puis… il y a « la dette » dont le ministre Le Maire nous dit qu’il va falloir que « nous » remboursions. Macron l’a dit « Nous sommes en guerre ».

La sortie du confinement s’est faite avec autant de brutalités que l’entrée. Injonctions à reprendre le travail alors que la protection de la santé des salariés n’est pas assurée. Les articles L-4121 du code du travail qui donnent à chaque patron des obligations de résultat en matière de santé (physique et psychique) sont violés. Il y a plusieurs cas de « salariés protégés » (élus ou représentants du personnel, membres des CHSCT) qui sont poursuivi pour avoir signalé l’illégalité des conditions de travail. Depuis le déconfinement et encore plus à la faveur de l’été, c’est à une véritable vague de répression que nous assistons dans les entreprises et les services publics : inspection du travail, RATP, SNCF, Éducation, Pôle Emploi, La Poste, universités, lycées… jusque dans les hôpitaux et EHPAD en pleine crise sanitaire !

Répression pour activité syndicale, répression pour s’être mobilisé·et notamment lors de la grève historique de cet hiver, répression pour avoir lancé l’alerte, ou même simplement pour avoir fait son travail… Cette violence patronale et gouvernementale s’abat contre celles et ceux qui relèvent la tête, avec des niveaux de sanctions inédits : exclusions de 3 mois, suspensions de 8 mois, jusqu’au licenciement ou la révocation dans plusieurs cas ! Comparutions devant la « Justice » avec à la clé des peines d’emprisonnement (Roga et Victor).

  • Alexandre El Gamal – RATP
  • Anthony Smith – INSPECTION DU TRAVAIL
  • Éric Bezou – SNCF
  • Les « 3 de Melle » – ÉDUCATION, Aladin, Cécile et Sylvie, trois enseignant·e·s du lycée Des Fontaines de Melle (académie de Poitiers), et désormais (mi-septembre) une quatrième enseignante.
  • Deux infirmiers de l’hôpital psychiatrique du Rouvray (76), l’un syndiqué SUD Santé Sociaux, l’autre militant des « Blouses noires » : parmi les 9 soignant·e·s du Rouvray inquiété·e·s pour avoir lancé l’alerte en avril concernant la gestion des masques par leur direction et son refus d’équiper les patients, ils ont été mis à pied en juillet pour 10 et 15 jours.
  • Anissa Amini – EHPAD (Établissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes). Aide-soignante en EHPAD à Livry-Gargan (93), élue SUD Santé Sociaux au CHSCT de son EHPAD : convoquée en entretien préalable pour avoir alerté, du CHSCT à la presse, sur le manque de protections de ses collègues en pleine crise sanitaire, elle risque de lourdes sanctions.
  • Yann Gaudin – Pôle Emploi
  • Vincent Fournier – LA POSTE
  • Roga et Victor – UNIVERSITÉ (peines de prison prononcées)
  • Gaël Quirante – LA POSTE

Et la liste n’est pas close. Vanessa Codaccioni a écrit un ouvrage important sur la répression. Il s’agit d’assimiler toute opposition à une criminalité. Tout est bon pour ce faire. Des flics menteurs, des magistrats menteurs, des journalistes menteurs, des « experts » menteurs, et désormais une nouvelle tendance prend de l’importance mondialement : les accusations de viole faites pour salir et isoler les victimes de ces accusations : Julian Assange a subit de telles accusations, et plus récemment le journaliste marocain Omar Radi persécuté lui aussi par la clique dirigeante et corrompue de son pays. Gageons que Macron saura saisir l’occasion.

Timidement on affirme ici et là que le droit de manifester s’exerce, il ne se mendie pas. Mais la période n’est pas favorable à la reprise du mot d’ordre et à son amplification. De nouveau, depuis que Macron occupe l’Élysée, Amnesty International dénonce la France pour ses violences policières, l’Union Européenne, l’ONU, le « défenseur des droits » l’avaient fait lors du mouvement des Gilets Jaunes. Macron à destitué le « Défenseurs des droits » J. Toubon (pourtant homme de droite). La nouvelle « défenseure des droits », elle, n'aime pas le terme de «violences policières». Ça promet.

Retoquée par le Conseil Constitutionnel, parce que contraire à la Constitution, Macron fait revenir la Loi Avia par la fenêtre (plus précisément par l’UE). Mais même en Europe cette loi fait peur. C’est tout dire. Mais Macron n’arrête pas l’offensive pour autant. Il vient de porter l’un des coups les plus violents depuis Vichy à la liberté de la presse avec son « schéma national du maintien de l’ordre (SNMO) » paru jeudi 17 septembre. Journalistes et observateurs pourront être interpellés en couvrant des manifs. C’est une obsession chez lui depuis qu’il s’est mis en tête de « lutter » contre les « fakenews » au point que même à droite on s’en émeuve. Darmanin (qui comme Griveaux est un hyperactif du bas ventre, mais peut-être faudrait-il chercher aussi dans la tête), Darmanin a beau prétendre qu’il s’agit d’une erreur, nous ne le croyons pas. Il y a bien une convergence de mesures fortement liberticides.

Cette aggravation de la répression a donné lieu à une réunion-meeting à la Bourse du Travail à Paris le mercredi 16 septembre. Il s’agissait d’organiser la défensive voire de passer à la contre-offensive. Si la description des illégalités de l’encadrement, des magistrats, et des dirigeants politiques est détaillée et saisissante, on manque terriblement de perspectives, de tactique et de stratégie.