January 5, 2018

Il y a cinq ans, trois militantes kurdes de la mouvance du PKK ont été assassinées en plein Paris. Ces assassinats sont un fait d’une grande importance. D’abord parce qu’ils survenaient juste à la suite de l’annonce d’une série de pourparlers entre l’Etat turc et Abdullah Ocalan, le leader du PKK en prison, visant à une solution politique à la guerre entre l’armée turque et la guérilla du PKK. Ces assassinats entament l’espoir que cette annonce avait créé auprès du peuple kurde et les milieux progressistes turcs. Puis, et c’est important, c’était la première fois, dans la longue histoire de cette guerre qui dure depuis 28 ans, que de hauts représentants du PKK étaient assassinés. Sakine Cansiz, la plus importante cadre parmi les trois militantes, était fondatrice du PKK (elle a donc fait partie du mouvement depuis au moins 1978). Elle en était également sa représentante en l’Allemagne depuis longtemps. « Rojbin » Fidan Dogan, pour sa part, servait de porte-parole du KNK, le Congrès National du Kurdistan, une des très diverses organisations que le PKK a créées pour faire entendre à l’étranger la voix trop longtemps réduite au silence du peuple kurde.

Juste après ces assasinats, la Coordination pour la Refondation de la Quatrième Internationale (CRQI), dont nous sommes membres, avait publié une déclaration, à la fois pour présenter ses condoléances au peuple Kurde et pour refuter toutes insinuations de “reglement de compte”. Nous avions dénoncé l’absurdité de tous ses affirmations et avions souligné le fait que l'hypothèse la plus convaincainte était un assasinat commis par l'Etat turc avec l’accord de l'Etat français. Nous écrivions ainsi, il y a cinq ans : «Les crimes de l'Etat profond turc ont été exposés maintes fois et cela même dans des rapports commandés par des premiers ministres turcs. Dans les années 80, les forces de cet “Etat profond” ont pourchassé les militants arméniens de l’ASALA en dehors de la Turquie. Il n’est pas fortuit que la représentante du PKK en Allemagne ait été tuée à Paris. La France était précisément le pays où ces forces turc ont combattues les militants arméniens. Ce qui veut dire que la France est probablement le pays où l’ “Etat profond” turc possède la plus grande expérience opérationnelle et les services secrets français sont leurs meilleurs amis». 5 ans sont passés et notre hypothèse intiale a été confirmée.

Ce n'est ni la première ni la derniere fois que l'imperialisme français, sous couverture d'une soi-disant democratie, montre son visage meurtrier pour les revolutionnaires et les anti-colonialistes du Moyen Orient se trouvant sur le territoire français. Il y a plus que cinquante ans que Mehdi Ben Barka, grand revolutionnaire marocain, était enlevé et tué en plein Paris dans une operation orchestrée par l'imperialisme français, le sionisme israélien et la monarchie marocaine. Henri Curiel, figure de proue du mouvement communiste en Egypte et «porteur de valises» pendant la guerre de libération en Algérie, a aussi été assassiné dans des circonstances troubles, probablement par des fascistes français avec la collaboration de la police française. On n’oubliera pas non plus Dulcie September de l’ANC, abattue à Paris par les sbires de l’apartheid et toujours avec la complicité de la police. Pour la énième fois, on voit que pour les peuples en lutte pour leur libération nationale, l'imperialisme français se positionnera toujours du mauvais côté de la barricade. Nous, Renaissance Ouvrière Révolutionnaire (ROR), en ce jour où Erdogan, le chef du despotisme en Turquie, se rend à Paris pour rencontrer le chef de l'imperialisme français, nous appellons a la lutte commune des ouvriers et des peuples opprimés. Le CRQI se bat chaque jour pour construire cette lutte commune.

Nous présentons nos condoléances au peuple kurde pour ces morts tragiques et réaffirmons notre engagement, en tant que ROR et en tant que Coordination pour la Refondation de la Quatrième Internationale à la dignité, la liberté et le droit à l’auto-détermination du peuple kurde dans tous les pays du Moyen Orient où il est asservi et opprimé par d’autres nations.