Délégations des organisations socialistes, syndicales, révolutionnaires, aussi bien que des intellectuels et activistes de pays membre de l’Union Européenne (France, Italie, Grèce, Hongrie, Pologne, Finlande), de l’espace ex-soviétique (plusieurs partis communistes de la Russie, représentants de plusieurs acteurs de gauche et pour la révolution en Ukraine, Azerbaïdjan), des Balkans (Bulgarie, Bosnie-Herzégovine, Macédoine), du MoyenOrient (Palestine, dont était présent le Front Populaire pour la Libération de la Palestine, Turquie, Iran) et du reste du monde (Argentine, Afrique du Sud, Japon etc.) se sont associées à la 4e Conférence Urgente Euro-Méditerranéenne, qui s’est réunie le 26-28 mai à Athènes, capital de la Grèce. La Conférence était organisée par le Centre Balkanique Socialiste Christian Rakovsky et le réseau internet RedMed (www.redmed.org)
Les conférences euro-méditerranéennes se réunissent depuis 2013. Chaque conférence s’était réunie, par une coïncidence heureuse mais pas fortuite, pendant que se déroulait un événement capital dans un pays dans la région couverte par cette série de conférences : la révolte populaire en Turquie en 2013, mieux connu sous le nom de Gezi Park ; les événements d’Ukraine en 2014, qui ont donné naissance à la première instance de l’entrée des forces carrément fascistes au gouvernement dans un pays européen depuis la deuxième guerre mondiale ; et le référendum en Grèce en été 2015, dans lequel le peuple ont dit une forte “Oxi” (“Non”) à l’austérité imposée par le soi-disant Troïka de la Commission Européenne, la Banque Centrale Européenne et le FMI, décision immédiatement trahie par le gouvernement Syriza. Cette fois-ci la conférence était planifiée pour coïncider avec les suites de l’élection présidentielle en France et visait à faire un bilan de la situation mondiale à la lumière de celle-ci.
La France, pays central pour les luttes de classes en Europe
Après délibérations approfondies, la Conférence a souligné plusieurs points. D’abord, le Bréxit, la victoire deDonald Trump, le succès récent des partis d’extrême droite ou carrément fascistes (ceux de la Hongrie et de la Grèce, en plus de ceux de l’Ukraine) et la montée de la “peste bleu marine” en France sont toutes manifestations diverses d’un phénomène nouveau à l’échelle mondiale : la recherche d’une voie alternative à la soi-disant “globalisation”, une alternative qui ne vise que surmonter les difficultés de la bourgeoisie de chaque pays en s’engageant dans la guerre commerciale ou, si nécessaire, guerre tout court (voire la politique de Trump envers la Corée du Nord et l’Iran) et en semant la division dans la classe ouvrière entre français et immigrés, entre blancs et noirs, entre chrétiens et musulmans, entre hommes et femmes etc. C’est bien d’une résurgence des idées politiques conduisant vers le fascisme tant redouté qu’il s’agit.
Deuxième conclusion : ce qui nourrit ces mouvements et poussent une partie de la classe ouvrière délaissée à son sort vers les armes de ces mouvements réactionnaires est bien la politique néolibérale et globalisatrice des directions plus traditionnelles de la bourgeoisie. C’est les Sarkozy et les Fillon, les Hollande et les Valls, mais aussi et surtout les Macron et leurs alliés de l’Union Européenne, les Merkel et les Schäuble, qui sont responsables pour le chômage et la misère des pannes entiers de la classe ouvrière qui poussent ces couches vers les armes des Le Pen ! C’est pour cela que choisir appeler pour un vote Macron au deuxième tour était un crime envers les luttes de classes dans l’avenir, désarmant et désorientant la classe ouvrière. Le fascisme ne se bat que dans les usines et entreprises, dans les cités et les rues, dans les universités et écoles !
“Le printemps français”!
Troisième constatation : il faut éviter tout pessimisme et défaitisme ! En face de la montée de cette menace surgit aussi une vague de luttes de classes, de révoltes, même de révolutions et cela un peu partout mais en particulier dans la région euro-méditerranéenne. De la révolution arabe, en particulier égyptienne et tunisienne, jusqu’aux grève générales et mouvement des places en Grèce et en Espagne en 2011, de la révolte populaire en Turquie en 2013 aux rébellions successives dans les pays balkaniques (Bulgarie, Roumanie, Slovénie, Macédoine et surtout Bosnie-Herzégovine) l’Europe et la région méditerranéenne ont été secouées par ces luttes ouvrières et populaires. La France a été le dernier maillon dans cette chaîne : les grèves générales, les manifs, les occupations d’usine de l’année dernière est un des cas le plus avancé de toute cette vague des luttes qui se sont déployés depuis 2011. Il y a un aspect terriblement négligé de ce “printemps français” : si le score de Marine Le Pen n’était pas à la hauteur des pronostiques, ni évidemment au deuxième tour, mais aussi au premier, c’était parce que la majorité de la classe ouvrière avait vécu en chair et en os l’expérience de sa lutte contre une loi anti-ouvrière des plus importants, mais n’avait reçu aucun soutien du Front National, qui, pourtant, s’est toujours posé comme le défenseur des intérêts de la classe ouvrière.
C’est précisément pour cela que la 4e Conférence EuroMéditerranéenne a conclu que la France était le pays central pour les luttes de classes en Europe. C’est ici qu’entrecroisent toutes les diverses tendances contraires que marquent nos temps
EEK, DIP et ROR pour la lutte de classes en France!
Les organisations derrière la Conférence, le Centre Balkanique et le RedMed, mais aussi l’EEK (Parti des travailleurs révolutionnaires, Grèce) et le DIP (Parti révolutionnaire des travailleurs, Turquie), aussi bien que Renaissance Ouvrière Révolutionnaire, nouveau noyau qui s’organise autour de ces idées, et l’organisation internationale qui les réunissent, la Coordination pour la Refondation de la Quatrième Internationale (CRQI), vont jeter toutes leurs forces pour assister la lutte du mouvement ouvrier en France pour vaincre à la fois la peste bleu marine et le choléra qu’est Macron !