April 5, 2020

La pandémie de coronavirus (covid-19) et la crise sanitaire mondiale qui en résulte révèlent la totale banqueroute du néolibéralisme, c’est à dire du capitalisme mondial actuel. Si la dimension sanitaire de cette crise saute aux yeux de tous et paraît première, elle ne s’y limite pas. Cette crise ne fait que précipiter une faillite politique déjà bien avancée. Avec cette crise, le capitalisme actuel apparaît tel qu’il est : directement et radicalement opposé aux besoins vitaux de l’humanité. Tout d’abord parce qu’en détruisant tout ce qui est public, il a détruis le système public de santé (et c’est bien plus cette destruction qui est la cause de tant de morts, plutôt que le virus). Destructions qui ont impacté bien d’autres secteur. Certes il existe des différences entre les pays, mais la destruction du système de santé apparaît comme un dénominateur commun à tout les pays capitalistes avancés. Avec quelques contre exemples (dont le cas Allemand) qui prouvent qu’une autre politique était possible, (dans le cadre du capitalisme) renforçant du coup le caractère criminel des extrémistes du néolibéralisme tel Macron. Il convient de noter que les États-Unis qui ont le plus « néolibéralisé» leur système de santé sont aussi ceux qui ont dors et déjà le plus de morts, sans compter les effets sociaux (bond du chômage).

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En même temps cette crise est une crise et de représentation et de gouvernance, ce qu’ont mis en évidence le taux de participation aux présidentielles puis aux législatives, d’une part, l’usage des ordonnances et du 49-3 d’autre part, et enfin, les manifestations massives et nombreuses – dont celles des gilets jaunes mais aussi des cheminots contre la privatisation/destruction de la SNCF, et encore des étudiants et lycéens, des personnels soignants, de l’Université et de la recherche, des avocats,... – manifestations que n’ont pas arrêté les violences policières, violences poussées jusqu’au terrorisme d’État jamais vues depuis la guerre d’Algérie et 1940 – violences policières renforcées par la criminalisation des oppositions, impulsée par le pouvoir politique et servilement mise en œuvre par une Justice qui n’a plus de Justice que le mot et des Juges qui à l’occasion avouent mentir.

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Parallèlement à la crise de représentation/gouvernance, apparaît une crise morale et une crise de l’hégémonie idéologique. En effet, les dogmes les plus fondamentaux des propagandistes du capitalisme, ceux sur lesquels reposent toute la pensée bourgeoise actuelle et son mode de production capitaliste viennent de s’effondrer sous nos yeux. Tout le monde peut désormais constater par lui-même à quel point le parti pris exclusif en faveur du capital contre les humains est meurtrier, et cela au niveau de la planète entière et quels que soient la couleur des partis politiques en charge des affaires dans tel ou tel pays. En France, Macron apparaît désormais autant comme prince des menteurs que comme président des très riches. Aussi, chaque apparition télévisée de Macron ou de l’un de ses ministres fait plonger les sonddages De sorte que, la propagande classique de la bourgeoisie, qui jour après jour distille jusqu’à la nausée l’idée qu’il n’y a pas d’alternatives au capitalisme, cette propagande vient de se fracasser sur un virus ; le tri des malades (le « choix », imposé par la pénurie organisée, de sacrifier les vieux), cet eugénisme, auquel les choix politiques néolibéraux aboutissent, est une abomination radicale, le signe de la barbarie, une immoralité telle qu’à elle seule elle administre la preuve par le fait de la fausseté de cette propagande, de l’impasse idéologique. Devraient aussi contribuer à cette banqueroute idéologique les dividendes astronomiques versés aux actionnaires qui impliquent les bas salaires, le chômage de masse, la précarité généralisée, les indemnités chômage rognées et la chasse aux chômeurs, la baisse des APL, bref, toutes les mesures profondément antisociales mises en œuvre par tous les gouvernements néolibéraux depuis les années 1970 et que Macron a fortement aggravé depuis son élection. Macron a fait l’idéologie bourgeoise un synonyme de barbarie.

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Comme si cela ne suffisait pas, à ces faillites il faut en ajouter une autre : la crise de la démocratie bourgeoise. Cette démocratie bourgeoise, tout en constituant un progrès historique par rapport à l’ancien régime, est restée, sous le capitalisme, une démocratie étroite, tronquée, fausse, hypocrite, un paradis pour les riches, un piège et un leurre pour les exploités, pour les pauvres. La liste est longue des violations de sa propre démocratie par la bourgeoisie, et la bourgeoisie est d’autant plus démocratique que la classe ouvrière y a été matée, est silencieuse, abrutie par l’intensité du travail et les diversions médiatiques. Mais aujourd’hui, le peu de démocratie subsistante est devenue insupportable aux bourgeois. Les gains de productivité obtenus ces dernières décennies, entre autre par un chômage massif et durable, puis par la précarité généralisée, ne suffisent plus à assurer des dividendes monstrueux, à la fin des années 1980, il a fallu tout déréglementer, tout déréguler, il faut désormais finir d’achever tout ce qui n’est pas entre les mains et ne passe pas par les circuits financiers. Cette politique « qui a choisi le CAC 40 contre l’humain » rencontre une résistance croissante de la part des catégories populaires, ce au niveau mondial. La réponse de la bourgeoisie à cette résistance est le démantèlement de ce qui restait de démocratie. En France Macron gouverne à coups d’ordonnances et de 49-3, il a réduit à sa portion congrue le périmètre de compétence des députés à l’Assemblée Nationale, il met les collectivités territoriales sous tutelle, sa réforme de la justice la rend inaccessible au justiciable au revenu modeste, la collusion de la justice et de la police est renforcée, le gouvernement a garanti l’impunité aux forces de désordre qui s’en donne à cœur joie, les « passages à tabac » tournent à la torture (des organismes internationaux s’en sont inquiété), la gendarmerie est dotée d’une application de fichage des citoyens (GendNotes) qui enregistre les convictions religieuses, l’engagement politique et syndical, la loi d’exception passe dans le droit commun, et pour conclure (très provisoirement), toute opposition est censurée par les média et criminalisée (voire psychiatrisée) par le gouvernement flanqué d’une justice inféodée et d’une police fascisante, l’été dernier le Premier ministre recrutait un conseillé très spécial, Sandro Gozzi, connu en Italie comme néofasciste, et en pleine crise sanitaire Macron recrute un haut gradé de la gendarmerie pour assurer le bon fonctionnement du gouvernement. Bref, tous les attributs de la dictature (au sens commun du mot) sont d’ors et déjà présents et ajoutés à l’arsenal s’ils n’y sont pas encore. La démocratie et la République bourgeoise meurent attaquée et détruite de l’intérieur par des félons, le processus de fascisation est en cours. Au Portugal, le pouvoir « de gauche » interdit la grève, en Hongrie le premier ministre Orban s’attribue les pleins pouvoirs, en France Macron essaie ses habits de Généralissime commandant en chef de la guerre contre un virus. Mais, comme un train peut en cache un autre, derrière la guerre contre le virus (guerre que Macron a déjà perdu) se cache la guerre sociale du Gouvernement des banksters contre le peuple.

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Les « recettes » néolibérales mises en œuvre depuis le début des années 1970 jusqu’à aujourd’hui ont petit à petit détruit notre système de santé (depuis la loi Bachelot jusqu’à Buzin, s’agissant de la France – mais avec des résultats sensiblement identiques dans d’autres pays), le rendant inapte à sa fonction (soigner) laissant les corps biologiques sans défense face à une pandémie qui était tout sauf imprévue. En effet, il y a des années que des spécialistes (biologistes, virologues, etc.) mettent en garde les pouvoirs publics contre le surgissement d’épidémies graves du fait des changements climatiques et de la déforestation. Les pouvoirs publics sont resté sourds à ces mises en garde. Et il y a un an déjà que l’ensemble des personnels hospitalier manifeste contre la casse de l’hôpital public et plus généralement de notre système de santé. En décembre 2019, on pouvait lire sur une banderole d’hospitaliers : « L’État compte les sous, on va compter les morts » (eh bien nous y sommes, nous comptons nos morts). La réponse de Macron fut d’envoyer les CRS frapper et gazer ces personnels (à sa faillite Macron ajoute un crime – un de plus), au comble de l’hypocrisie, il feint aujourd’hui de les encenser (mais, en douce, – une marque de sa gouvernance – et contrairement à ses récents discours, il s’apprête à poignarder dans le dos l’hôpital public, ce que médiapart révèle début avril 2020). La logique comptable et celle du vivant sont incompatibles. Macron a choisi le MEDEF et le CAC 40 contre le peuple, contre le vivant, contre nous. Cette faillite du capitalisme qui est autant une faillite économique : ce qu’EST le capitalisme, que celle de l’idéologie bourgeoise, cette faillite aura d’importantes conséquences dans un avenir proche, d’autant que celle-ci est mondiale. Ce n’est pas tant la mauvaise gestion de la crise sanitaire qu’il faut reprocher à Macron (même si les morts ont quelque chose de profondément criminel et choquant, comme sont choquantes les doubles injonctions contradictoires : vous devez rester chez vous mais vous devez aller travailler) et à ses semblables dans le monde, mais c’est bien plutôt l’ensemble de sa politique de destruction de nos conditions de vie, comme la politique menée par le PS et Hollande, ou celle de Sarkozy, ou celle de Chirac, de Jospin, de Mitterrand. Ces sont les politiques menées jusqu’à ce jour mais aussi celles qui vont être menées, comme le montre Médiapart. L’un des dangers politiques de la période qui s’ouvre après la crise sanitaire serait de vaincre Macron sans vaincre les néolibéraux (ce que montrait bien Stefano Palombarini dans son blog de début de l’année). Car en France, comme dans le reste du monde capitaliste du reste, ce qui est d’actualité désormais c’est la « stratégie du choc » selon l’expression de Naomi Klein. Pour nos ennemis de classe, la pandémie terminée sera le signal donné pour accélérer la guerre sociale du grand capital contre le monde du travail. Le nombre de morts dû à la pandémie pourrait bien apparaître comme « insignifiants » comparés au nombre de morts à venir (hors pandémie).

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Pour résumer, une crise sanitaire révèle une crise totale, une véritable banqueroute du capitalisme dans toutes ses dimensions : crise économique, crise politique-crise de représentation-de gouvernance, crise environnementale, crise de la démocratie, crise idéologique et d’hégémonie. Les conséquences de cette crise globale se comptent en nombres de morts. Elle s’évalue aussi en capacité de survie qui diminue pour l’humanité. Poursuivre le même modèle de société apparaît impossible. D’autant que nous n’avons pas encore vu tout ce que le grand capital nous réserve. L’humanité se trouve donc une nouvelle fois dans son histoire à la croisée des chemins. Mais il n’y a nulle certitude qu’une autre occasion se présentera à l’avenir.

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Il découle de ce qui précède la nécessité de sortir du capitalisme, et au plus vite. Cette sortie du capitalisme porte un nom : la Révolution Prolétarienne. La Révolution c’est la conquête du pouvoir d’État, la destruction de cet État bourgeois, l’expropriation des anciens expropriateurs, c’est briser la résistance de cette ancienne classe possédante, la bourgeoisie, mais cela ne peut s’y réduire. Même si cette étape est la condition « sine qua non », ce n’est que la porte d’entrée. C’est une fois cette porte d’entrée franchie que commence la révolution, le véritable travail de reconstruction de la société. (Re)conquête de la démocratie, démocratie qui n’est plus faite par et pour la bourgeoise mais au contraire par et pour l’ensemble des classes populaires, précédemment exclues de la forme bourgeoise de démocratie. Nouveaux rapports sociaux découlant de nouveaux rapports de propriété. Et réponses enfin rendues possibles aux problèmes urgents nés du saccage de la planète par le mode de production capitaliste, ses impératifs d’expropriation et de marchandisation de toutes choses, de bénéfices, dividendes et de pouvoir. Il suffit d’écrire cela pour soulever des objections sans nombres. On nous objectera que notre projet a déjà échoué (en URSS, en Chine, etc.), pour se terminer en catastrophe.

Ce sont ces objections qu’il faudra lever avant de pouvoir penser à cette Révolution. Ce sera l’objet de la seconde partie de cet article.